La série intitulée Merry Christmas décline son sujet de façon systématique. Chaque jouet, photographié seul et en gros plan, concentre toute l’attention à concurrence du fonds sur lequel il se détache. À leur manière, ce sont des natures mortes travaillées avec un sens du détail qui explique en partie le charme qu’elles exercent sur nous spectateurs.
Première impression : ces objets semblent suspendus dans le vide à quelques centimètres de notre oeil. Une telle proximité est rare et force l’observation. Que voit-on ? Des jouets d’enfants – personnages, voiturettes, chevaux – en métal ou en plastique, neufs ou abîmés, tous plongés dans une nuit savamment éclairée. Pris à la verticale, parfois de face (mais alors l’impression est tout autre), ils se trouvent isolés, doublement cernés par le cadre et le contraste existant entre le sujet et son arrière plan. Un arrière plan à première vue banal, mais d’une grande richesse de formes et de couleurs propice à la contemplation que cette mise en scène appelle. Comme dans une miniature – les dimensions choisies (60×80 cm) n’y changent rien, accentuent au contraire une telle manière de voir -, le regard se perd dans une profondeur de champ particulièrement significative. Les motifs dessinés sur tel cheval reprennent les cristaux de glace ou les lignes de l’herbe sur quoi il repose. Idem pour le corps démantibulé du playmobil parmi les brindilles cassées. Les rondeurs de l’ourson jaune se mêlent aux bulles d’air prises dans la glace du bassin. Tous ces jouets se fondent dans un décor d’où le photographe les extrait délicatement, à la manière d’un archéologue qui découvrirait un fossile et avec lui mille questions : À qui appartiennent ces jouets ? Pourquoi sont-ils restés dehors ? et depuis quand ? Ont-ils encore le pouvoir de nous faire jouer ?